L'igname, au coeur de la culture kanake

Publié le par Frédéric BARP

Je vous avais promis une galerie photo sur la fête des prémices de l’igname à laquelle nous avons eu la chance de participer pour le week-end Pascal au sein de la tribu de Werap sur la commune de Hiènghène. Le temps a passé, d’autres sorties nous ont occupé… Je trouvais dommage de ne pas vous avoir fait partager ce moment privilégié. C’est pourquoi, vous trouverez une nouvelle galerie intitulée « Prémices de l’igname », ce billet, loin d’être exhaustif, vous donnant quelques explications et un petit « Top Chrono » (ça faisait longtemps !) composé de petits morceaux de vidéo, juste pour l’ambiance.

Bonne promenade en pays kanak…

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Toute la vie du clan est réglée par la culture de l’igname. Le temps social s’écoule parallèlement au cycle du tubercule qui détermine la date des grands événements : le sacre du chef, la naissance, le mariage, le deuil, les alliances…

En juin/juillet, quand le « wâbwa » et le niaouli sont en fleurs, les hommes défrichent, désherbent, brûlent et préparent le billon qui recevra la semence.

En août, quand les petites branches du gaïac sèchent et deviennent cassantes, quand l’érythrine perd ses feuilles et que lilas et manguier sont en fleurs dans la chaîne, le tubercule est planté. Alors que les crevettes d’eau douce se rassemblent près du bord, sous les rochers, pour frayer, le martin-pêcheur quitte le bord de mer pour la chaîne et par son chant  fait sortir l’igname.

Septembre voit sortir de terre la fleur d’igname en même temps que les nouvelles feuilles du « wâbwa ». Le notou se moque du cultivateur qui est encore en train de planter.

En octobre, les roussettes ont leurs petits sous leurs ailes, l’érythrine est en fleurs, les crevettes de rivière se dispersent, le martin pêcheur retourne au bord de mer et la tige sèche de roseau destinée à guider l’igname sur son tuteur est fichée en terre. Le tubercule de l’année se forme.

Novembre et décembre voient grossir le tubercule quand le banian jaunit, que les gommiers sont en fleurs, que l’on plante les bananiers et que les roussettes lâchent leurs petits.

De décembre à février on ne donne que peu de soins à l’igname de peur de troubler sa croissance. Les travaux sont effectués avant 09h00 et après 16h00 car il est dit que l’odeur de la sueur dégagée aux heures chaudes indispose l’igname qui risque de faner.

En janvier, le vent d’ouest, qui amène une soudaine chaleur, menace de dessécher la partie aérienne de l’igname. Les corbeaux endémiques font leurs nids dans les bois pourris.

En février, les ignames de prémices fanent et la chasse aux notous commence.

Mars voit la récolte des ignames de prémices en même temps que le goyavier, l’oranger et le mandarinier donnent leurs fruits.
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L'igname

En avril, mai et juin, c’est la récolte de l’igname, si la liane sèche avant la feuille, la récolte sera bonne. Dans la chaîne, les roussettes sont grasses, les jeunes cerfs ont des cornes molles. Dans le lagon le dawa est gras comme les tortues et les becs de cane, c’est l’époque des pleines marées basses.

Dawa2.jpgLe dawa...

        Ainsi va le cycle de l’igname en pays kanak et nous avons eu la chance d’en vivre un épisode fort. Avec l’igname nouvelle, les clans de la tribu communient en se partageant le premier tubercule cuit pour tous et distribué à tous. C’est également l’occasion d’une fête où l’on mange les mets traditionnels : roussette, notou, taro… Merci à Béalo Gony, petit chef de la tribu de Werap, qui nous a invité afin de nous offrir un rituel important de la vie kanake. Merci à l’ensemble des clans et de leurs représentants pour l’accueil chaleureux qu’ils nous ont réservé…. Merci également à la Province Nord pour les nombreuses informations mises en ligne concernant l’igname.   

Publié dans Découverte

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J
Merci pour ce billet. A choisir  je préfère la roussette, le dawa ou le picot grillé à l'igname.Dans l'attente d'autres récits je te souhaite un bon week- end.    
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T
Awaaaaaa ! J'adore regarder la vie qui coule comme un long fleuve tranquille sur le caillou ! Qu'est-ce que j'aurai aimé participer à cette fête de l'igname dans une famille si charmante avec une bonne cuisinière qui semble-t-il prépare une bonne petite roussette ! Haaaaaaaaa ! Et puis toutes ces informations que tu racontes avec autant de passion !! Tu aimes le caillou et cela se ressent dans tes mots ! Quel passionné ! J'adore partager toutes ces histoires et ces images qui relatent exactement la vie quotidienne sur notre petit bout de terre làbas ! bisous TiOurson ! Embrasse tes petites femmes ! TiteZa
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M
..hello petite famille robinson.. !! ce que j'ai remarqué c'est surtout la roussette.. hummm! mais j'ai aimé te lire Fred... ça sentait bon une certaine culture .; qui je t'avoues un peu, me manque.. bon j'asumme.. mais!!!! tata... aux "vouzeautes"...
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